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Shen Congwen et Zhang Zhaohe, un mariage de plus de cinquante ans.

décembre 16, 2012Leave a commentRomansBy Bertrand Mialaret

La publication il y a quelques semaines d’un ouvrage de Shen Congwen (dont on reparlera): « Le périple de Xiang et autres nouvelles »(1), m’a conduit à relire son œuvre traduite et surtout à découvrir un livre remarquable « Four sisters of Hofei » par Annping Chin. Elle est née à Taiwan en 1950, professeur au département d’histoire de l’université de Yale et est l’épouse de Jonathan Spence, l’universitaire bien connu.

Annping Chin a pu rencontrer les quatre sœurs et a eu accès aux archives familiales; elle publie un document exceptionnel sur la vie d’une famille à une époque où la Chine s’ouvre à la modernité. L’une des quatre sœurs est Chao-Ho, la future femme de Shen Congwen.

1/ Une rencontre très romantique:

Au début des années 1930, Shen Congwen est un écrivain connu, le dernier des romantiques, et ses nouvelles sont très différentes par leur style, leurs thèmes et leurs personnages des écrits de l’époque. Le célèbre philosophe Hu Shi, président de l’Institut Chinois de Wusong près de Shanghai, lui offre un poste de professeur, de manière exceptionnelle car il n’a pas de titre universitaire.

C’est là qu’il rencontre Chao-Ho, alors étudiante en seconde année. Il est son professeur et en tombe amoureux mais elle lui explique sans ménagements que ses études sont sa priorité et qu’elle ne souhaite pas s’encombrer d’un soupirant. Shen Congwen est désespéré; la meilleure amie de Chao-Ho lui explique que celle-ci est plus rationnelle qu’émotionnelle, qu’elle a encore des attitudes enfantines: elle sait dire non et s’entête…Elle rencontre Hu Shi qui lui fait l’éloge de Shen Congwen qu’il considère comme un génie et l’écrivain le plus prometteur de sa génération.

Par la suite, Hu Shi écrira à l’amoureux éconduit avec copie à Chao-Ho: « cette femme ne vous comprend pas et encore moins votre amour pour elle…L’amour n’est pas la seule chose dans la vie…Cette personne est trop jeune et trop inexpérimentée… Elle prend plaisir à repousser ses soupirants. Vous n’êtes qu’un parmi d’autres » Il est vrai qu’ à l’époque, elle collectionnait les lettres de ses amoureux soigneusement classées et numérotées !

Elle était belle mais n’y prêtait pas attention, la beauté de la famille était sa sœur aînée Yuan-Ho. Elle avait les cheveux courts et le teint sombre, une « pivoine noire ». Pourquoi l’a t-elle épousé en septembre 1933 alors qu’elle le trouvait souvent exaspérant ? Parce qu’il écrivait de bonnes lettres !

La nouvelle « The housewife », écrite en 1936 (3), fait le portrait de sa jeune femme, de la cour qu’il lui a faite et des difficultés que l’on voit poindre: il a huit ans de plus qu’elle, il est incapable de tenir compte de la réalité et investit tout dans sa passion, les antiquités (qui deviendront sa profession après 1949). « One minute you call me your darling, your treasure and the next you say the same thing about a tray or a vase… »

Elle a été éduquée pour être une épouse traditionnelle et a été traitée comme telle par son mari. « Their habits were entirely different, so she tried hard to adjust. She wanted to become a model wife at home as well as in society. She was loving and responsible, modest and disciplined”.

La vie quotidienne n’est pas facile, “she now understands what passion was and she knew that he retained that nearly childlike passion for her, but this had no meaning in daily life nor had she any great need for it”.

Il lui reproche de ne pas chercher à comprendre ses actions et simplement à les tolérer. Elle lui reproche de fuir ses responsabilités et la réalité. Son entourage la traite un peu comme une adolescente alors qu’elle est mère d’un petit garçon de deux ans !

2/ Des voyages et des séparations:

Quelques mois après son mariage, il se rend à Fenghuang, sa ville natale dans l’ouest du Hunan. Il écrit à sa femme une soixantaine de lettres qui fourniront la matière du « Périple de Xiang ». Annping Ching a traduit la seule lettre de Chao-Ho qui reste de cette période (p.205) ; elle signe de son surnom San-san et est moins romantique que les lettres de son époux…

En 1937, alors qu’ils ont maintenant deux garçons, Shen Congwen quitte Pékin pour Kunming du fait de la guerre avec le Japon. Elle venait d’avoir un bébé mais attendit l’été 1938 pour quitter Pékin. On peut se demander si elle ne préférait pas qu’il soit à des milliers de kilomètres, lui écrivant !

Elle s’inquiète de sa situation financière, craint qu’il ne soit un poids pour son entourage et regrette qu’il gâche son talent en multipliant essais et critiques… Une fois installée près de Kunming, elle est professeur dans une école, aime l’enseignement et son indépendance.

Les relations entre Shen Congwen et Gao Gingzi, une amie connue lors de son séjour à Qingdao en 1931 et retrouvée à l’université de Kunming, vont créer des rumeurs et des difficultés mais aussi le conduire à écrire plusieurs textes remarquables: « L’eau et les nuages », traduit et présenté par Isabelle Rabut (4).

Ce document de la fin de 1942 est une « longue méditation poétique » à une époque où l’écrivain est isolé, critiqué tant par les écrivains de gauche que par les nationalistes. Influencé par la psychanalyse, son introspection, comme dit Isabelle Rabut, « a trouvé sa place dans une sorte de compromis entre le romantisme qui se nourrit des passions et les philosophies qui les tiennent à distance ».

Son mariage l’ancre solidement et il cherche par tous les moyens à se prémunir contre la passion ; « il ne laisse pas d’être en porte-à- faux entre ce qu’il prône idéalement (la beauté de l’aventure amoureuse) et ce qu’il est prêt à assumer dans la vie réelle ».

Une nouvelle « En regardant l’arc en ciel » (3), est très influencée par D.H. Lawrence. C’est un tête à tête amoureux lors d’une soirée d’hiver. Cette nouvelle fit scandale et fut condamnée comme perverse à une époque de résistance à l’agression japonaise. Pour Jeffrey Kinkley, ses relations avec Gao Gingzi étaient passionnées mais platoniques, néanmoins il ne montra pas cette nouvelle à sa femme.

3/ La politique au centre de tout:

A la fin de la guerre, en 1945, Shen Congwen rentre à l’université de Pékin, six mois avant sa famille; il se sent alors très proche de sa femme. Sa situation à l’université devient difficile, il est attaqué par les écrivains de gauche et notamment Guo Moruo; il est lâché par Ding Ling qu’il avait défendue vigoureusement vers 1933. Il est complètement déprimé et tente de se suicider.

Les communistes rentrent dans Pékin en janvier 1949, Chao-Ho est admise à l’université de la Chine du Nord pour être rééduquée dans la tradition révolutionnaire. Elle deviendra éditeur à la revue Littérature du Peuple. Quant à Shen Congwen, son poste à l’université est supprimé et il est transféré au musée d’Histoire de Pékin.

Son œuvre littéraire est terminée; il refusera de recommencer à écrire malgré les pressions de Zhou Enlai. Pendant la Révolution Culturelle, il fut envoyé dans une Ecole des Cadres du 7 Mai pour trois ans; sa femme était avec lui. Ils rentrent à Pékin en 1972 mais ne vivent pas ensemble pendant une période prolongée, il prenait cependant ses repas avec elle. Ils vivaient avec entêtement dans deux mondes séparés.

En 1995, sept ans après la mort de Shen Congwen, elle publie leur correspondance qui avait été déjà partiellement éditée. Yiyun Li indique que c’est un des trois livres qu’elle a emporté avec elle quand elle est partie étudier aux Etats Unis; elle a traduit quelques lettres en anglais et une traduction complète par Alice Xin Liu est en préparation.

Laissons à Chao-Ho le soin de conclure : « we were happy or unhappy ? I have no answer. I did’nt completely understand him. Later, I began to grasp what he was about, not until now did I truly understand his character and the pressure put on him…”

Bertrand Mialaret

(1)   Shen Congwen, “Le périple de Xiang et autres nouvelles”, traduit et présenté par Marie Laureillard et Gilles Cabrero. Bleu de Chine, Gallimard 2012.300 pages, 25 euros.

(2)   Annping Chin, “Four sisters of Hofei ». Scribner 2002.

(3)   Shen Congwen, “Imperfect Paradise-Twenty four stories”. Edited by Jeffrey Kinkley. University of Hawai’I press, 1985.

Shen Congwen, “L’eau et les nuages”. Traduction et présentation par Isabelle Rabut. Bleu de Chine

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