Le prix Mao Dun 2011 vient d’être attribué. Ce prix, qui est l’événement littéraire majeur en Chine, a été créé à la suite d’un legs du grand écrivain Mao Dun et est attribué tous les quatre ans et pour la première fois en 1982.
La huitième édition a été quelque peu mouvementée: le prix, qui est organisé par l’Union des Ecrivains, est attribué par un jury de 61 personnes qui doit choisir parmi 187 livres. La liste « longue » de 20 titres a été vigoureusement critiquée car 8 des 10 premiers livres étaient l’œuvre de Présidents ou de Vice Présidents des unions régionales de l’Union des écrivains !
Des mesures ont été prises pour assurer la transparence des choix notamment en imposant des signatures sur les bulletins de vote. Il faut noter aussi que pour la première fois sept romans créés sur le net ont fait partie de la compétition et ce n’est que le début…
Les cinq livres retenus devraient calmer les polémiques car leurs auteurs sont tous des écrivains appréciés (même si trois d’entre eux sont Président et Vice Président d’une union régionale).
Le livre de Zhang Wei (« Sur les haut plateaux ») est un monstre littéraire de 4,5 millions de caractères qu’il a mis vingt ans à écrire et qu’il a publié progressivement. C’est un écrivain du Shandong, qui vit à Jilin; né en 1956, il est peu connu à l’étranger quoique deux de ses romans aient été édités aux Etats Unis (« Le Vieux Bateau » traduit en anglais par Howard Goldblatt en 2008 et « La Fable de Septembre », traduit en 2007 par Térence Russell et Shawn Xian Ye).
En France, n’a été publié par Bleu de Chine qu’un volume de nouvelles « Partance » (traduit par Chantal Chen-Andro); on attend avec impatience la sortie au Seuil de la traduction du « Vieux Bateau », un grand roman d’un auteur considéré comme majeur en Chine.
« Skywalker » de Liu Xinglong est un roman sur une école de montagne et ses professeurs auxiliaires. Trois romans et des nouvelles ont été traduits par Françoise Naour et publiés chez Bleu de Chine (« Croquants de Chine », 1998 – « La déesse de la modernité », 1999 – « Du thé d’hiver pour Pékin », 2004 – « La Guérite », 2006) ; de même ELE (Panda) a traduit en 1994 un recueil de nouvelles « Instituteurs de la montagne ».
On ne fera que mentionner deux autre lauréats, deux grands livres : « Grenouilles » de Mo Yan, dont je parle sur Rue89 et « Les Aveugles » de Bi Feiyu , que vient de publier Philippe Picquier et que je suis en train de lire avec grand plaisir.
Quant à Liu Zhenyun , que l’on a déjà présenté, il est le dernier lauréat pour « Une phrase vaut un millier de mots », un livre sur l’isolement des individus, les difficultés de communiquer. L’absence de religion en est pour l’auteur la cause profonde.
Liu Zhenyun a eu la chance d’avoir comme traducteur, Sébastian Veg, agrégé de lettres modernes, professeur à Hong Kong. Deux ouvrages ont été publiés par Bleu de Chine : « Les Mandarins » en 2004 et un recueil de deux nouvelles « Peaux d’ail et plumes de poulet ».
Une fois encore on peut constater que nos éditeurs nous gâtent par le nombre des publications, infiniment plus nombreuses que dans le monde anglophone.
Bertrand Mialaret
Un commentaire