C’est à Fenghuang, que le grand écrivain Shen Congwen (1902-1988) a passé sa jeunesse. Cette petite ville, à l’Ouest de la province du Hunan (Chine du Sud), est considérée comme un ensemble architectural unique, en cours d’inscription à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
1/ Une zone de confrontation :
En Chine, les Han constituent 92% de la population. Cinquante six « minorités ethniques » totalisent 110 millions de personnes dont 9 millions pour l’ethnie Miao qui, avec les Tujia, peuple le Nord Ouest du Hunan. On retrouve des Miao dans tout le Sud Ouest de la Chine, où ils ont fait mouvement sous la pression des Han, mais également au Nord du Vietnam et du Laos (connus sous le nom de Hmong).
Fenghuang est une zone de confrontation entre les deux ethnies ; on ne compte plus le nombre de « révoltes Miao » auxquelles répondaient de sanglantes « campagnes de pacification » des armées impériales.
Vers 1920, Fenghuang, au sein de ses murailles, compte 5 000 habitants mais est entourée par plusieurs garnisons où vivent 7 000 soldats. Places fortes, tours d’observation, villages de soldats laboureurs, les vestiges de cette période sont nombreux. Le plus spectaculaire est le mur édifié, sous les Ming, sur 200 kilomètres du Nord au Sud de la province pour protéger contre les incursions des Miaos ; ce n’est pas la Grande Muraille mais les quelques kilomètres qui subsistent sont splendides.
Toute cette zone est restée longtemps enclavée (les premières routes ne furent construites qu’en 1950), livrée aux « seigneurs de la guerre » qui ne reconnaissaient pas l’autorité des gouverneurs de la province. Armées gouvernementales ou privées, bandits, tout ce petit monde se bat notamment pour le contrôle du commerce de l’opium qui provient de la province du Guizhou toute proche. La région n’est calme qu’après la victoire des communistes ; l’armée récupère alors autour de Fenghuang 18 000 armes à feu…
2/ Une ville encore préservée :
La ville a grandi, mais la vieille ville entourée de ses montagnes sur une rive du fleuve conserve des tours, des ponts couverts et plusieurs grandes résidences de clans absolument magnifiques. La maison natale de Shen Congwen est bien modeste et d’un intérêt limité.
La région est très belle avec ses villages Miaos vers l’ouest beaucoup moins préservés cependant que certaines zones du Guizhou.
Fenghuang est encore ignorée par les agences de voyage et le tourisme international. Par contre , les étudiants et les jeunes Chinois l’envahissent en fin de semaine.
Pauvre Shen Congwen, il ne pouvait imaginer les milliers de touristes qui déambulent dans les rues pavées, au bord du fleuve et sur le pont couvert, les centaines de magasins de souvenirs et d’échoppes de confiserie locale, les bars / karaoké…
Sa tombe même, un peu en dehors du centre, dont l’emplacement obéit aux règles de géomancie, voit sa perspective bouchée par un grand immeuble en construction…
Bertrand Mialaret
(Photos Julien Mialaret)
Bonjour,
Effectivement, les hordes de touristes gâchent la supposée beauté du lieu, nous étions enchantés à notre arrivée, fatigués du monde le second jour et le troisième nous sommes repartis un plus plus tôt que prévu. Plus tôt, nous étions allés à Hibiscus, Fulong, sympathique bourgade qui a pour cadre le roman du même nom si ma mémoire est bonne. Plus au nord aussi, les montagnes de Zhangjiajie valent le détour.
Effectivement le parc de Zhangjiajie est superbe mais ce que j’ai trouvé le plus intéressant, ce sont les villages de garnison fortifiés de la région et bien sur les villages Miao, même s’ils sont beaucoup moins beaux que ceux du Guanxi ou du Guizhou.