Le Salon du Livre de Paris a trente ans, celui de Hong Kong a fêté ses vingt ans en 2009, mais Paris enregistre 190 000 visiteurs et Hong Kong 920 000 pour une ville qui compte sept millions d’habitants.
A Hong Kong, le Salon du livre, le plus important d’Asie, est un évènement populaire, une manifestation phare qui attire quelque 90 000 touristes (1). On vient essentiellement pour acheter des livres, des romans et de la littérature à plus de 80% (dont 20% de livres étrangers).
Le Salon de Paris est bien différent et une polémique fait rage sur son avenir entre divers éditeurs et les organisateurs. Le Salon parisien privilégie les éditeurs (1200 provenant de plus de vingt pays contre 500 à Hong Kong) et les « évènements » (500 débats soit le double de Hong Kong qui attire peu les écrivains étrangers)
A Hong Kong, le public est jeune, 60% a moins de trente ans et l’on compte 35% de lycéens et d’étudiants. On note aussi qu’ un quart de l’échantillon de l’enquête lit sur une source électronique, qui est à 50% un téléphone mobile et à 30% une tablette (E reader). La lecture sur mobile est caractéristique de cette partie du monde, essentiellement au Japon mais aussi en Chine.
La présence d’éditeurs de Chine continentale est encore limitée (24) alors que ceux de Taiwan sont une centaine. Peu de visiteurs viennent de Chine mais ils sont attirés par l’achat à Hong Kong d’ouvrages censurés.
A part le succès des romanciers anglais présents, on peut mentionner le lancement de « Book of Change » un roman d’ Eileen Chang, sur lequel on reviendra.
Les « évènements » sont à la mesure du Salon: 1800 personnes ont assisté à la conférence de Han Han sur la censure et la littérature. Han Han, écrivain, bloggeur aux 400 millions de visites, coureur automobile et Don Juan, dont on vous parle depuis deux ans, est devenu très récemment, à 28 ans, un des chouchous de la presse internationale, du « Time » au « Monde ». La presse aime son personnage et souvent hasarde des conclusions bien éloignées de la modestie de Han Han, conscient des limites de ses critiques.
Comme beaucoup d’écrivains chinois, il a appris à jouer avec la censure, un parcours d’obstacles, comme il a pu le constater lors du lancement de sa revue littéraire « Party », qui a été vendue à 700 000 exemplaires (oui, il y a bien cinq zéros !), mais qui n’aurait pas le caractère incisif et l’humour de son blog.
(1) www.hkbookfair.com/en/
Bertrand Mialaret