pas plus que d’autres destinations hors de Chine. L’écrivain et poète Liao Yiwu n’avait pu participer en Septembre dernier à la Foire du Livre de Francfort ; il y a quelques jours, il n’a pu quitter Chengdu pour se rendre au Festival littéraire de Cologne. Bref, il n’a jamais pu sortir de Chine !
Né en 1958, il échappe de peu à la mort pendant la famine du Grand Bond en Avant, puis la Révolution Culturelle conduit à l’éclatement de la famille : le père, professeur, est poursuivi ; la mère, sans permis de résidence, connaît des difficultés avec la police.
Après ses années de lycée, il voyage beaucoup à l’intérieur de la Chine et commence à publier des poèmes. En juin 1989, il écrit « Le Grand Massacre » sur la répression de la Place Tiananmen. Quelques mois plus tard, ses amis et lui veulent développer ce texte pour en faire un film, la réaction est immédiate : sept condamnations à plus de deux ans de prison et quatre ans pour Liao Yiwu.
Des conditions de détention très dures et des tentatives de suicide mais aussi deux découvertes : la musique dans l’art de la flûte et surtout un monde marginal d’assassins, de violeurs, de souteneurs, de fous…A sa sortie de prison, sa femme exige le divorce et part avec leur enfant. Lui mène une vie de vagabondage qui lui fait côtoyer les laissés pour compte.
Toutes ces rencontres seront à l’origine de 60 portraits, publiés en Chine en l’an 2000 mais rapidement interdits. Douze d’entre eux ont été traduits en Français en 2003 par Marie Holzman pour Bleu de Chine, « L’Empire des Bas Fonds » ; 27 en Anglais (« The Corpse Walker » Pantheon 2003). Il s’agit là d’une vision assez désespérante que l’on retrouve chez plusieurs écrivains dans cette génération sacrifiée, celle qui n’a pu mener une scolarité normale pendant la Révolution Culturelle.
On peut maintenant apprécier les qualités du poète car les Editions de L’Harmattan ont publié en 2008 « Poèmes de prison », traduits par Sun Shanshan et Anne-Marie Jeanjean . Ce recueil contient aussi deux textes : « L’Ame endormie » et surtout « Le Grand Massacre » :
« Le grand massacre commence par le cœur de Pékin
quand le Premier Ministre s’enrhume, le peuple tousse,
la ville vient d’être fermée, puis bloquée et enfin assiégée .
La machine d’Etat de ce vieux pays malade n’a plus de dents
pour broyer le peuple qui résiste et voudrait lui échapper… »
PS- Il vient d’avoir l’autorisation de se rendre en Allemagne.