Zhang Chengzhi vient de publier « Dans les ruines d’une éclosion : voyage dans Al- Andalus », cette Espagne musulmane qui connut une brillante civilisation du 8ème au 15ème siècle. Ce livre, qui n’est pas traduit, nous est présenté en détail par Bruce Humes (1).
Zhang, après six voyages en Andalousie, au Maroc, au Portugal, livre un ouvrage très personnel illustré de ses photos et de ses dessins; récits de ses voyages mais aussi étude des liens entre les Maures et la Chine, des Ouighours au port de Quanzhou dans le Fujian, des techniques d’irrigation à la culture des figuiers…
Zhang Chengzhi est un personnage tout à fait étonnant : il est né en 1948 à Pékin de parents Hui (Musulmans chinois), originaires du Shandong. Athée et activiste à l’Université de Pékin, il fut le premier au début de la Révolution Culturelle à utiliser le terme « Garde Rouge ».
Puis quatre ans en Mongolie Intérieure où il apprend le Mongol. Il revient alors à Pékin à l’Université, dans le département d’archéologie. Il commence à publier en 1978 et poursuit des études en histoire et ethnologie des minorités chinoises avant de partir au Japon pour mener des recherches et étudier le Japonais.
Plusieurs titres sont traduits en Français dont « Mon Beau Cheval Noir » (Picquier Poche 2002) et « Les Rivières du Nord » (Panda 1992): romantisme des grands espaces, envolées lyriques et glorification de la nature font regretter l’absence de souffle épique.
En 1984, il s’installe en Chine du Nord et passe six ans avec les Musulmans du sud de la province du Ningxia. Il se convertit à l’Islam et écrit un livre célèbre « Histoire intime de l’âme Musulmane en Chine », interdit dès sa sortie et qui explore l’histoire tragique des soulèvements musulmans dans les années 1860 et l’influence du Soufisme. Une évolution très spectaculaire pour un ancien Garde Rouge !
Bertrand Mialaret