L’Institut Ricci de Macau m’a demandé il y a quelques mois de préparer un article sur la littérature chinoise contemporaine et l’Occident. Ce texte vient de paraître en anglais et en chinois dans le numéro d’avril de la revue « Chinese Cross Currents ». Cette revue a mis en ligne en avril 2012 l’article qui a été écrit après une dizaine d’interviews avec des éditeurs et traducteurs en Angleterre, en France et aux Etats Unis.
On se bornera à un rapide résumé en souhaitant qu’un débat s’engage avec les lecteurs de la revue.
La littérature chinoise fait partie de la politique de « soft power » du gouvernement chinois qui a pris nombre de mesures pour développer les exportations de livres et de droits tout en favorisant les traductions qui ne représentent aux USA et en Angleterre qu’environ 1% des publications en littérature (toutes origines).
Le style des romans chinois n’est pas toujours adapté au goût du public occidental et beaucoup d’éditeurs, pour diverses raisons, sont persuadés que les traductions ne se vendent pas et choisissent le plus souvent des livres traitant toujours des mêmes thèmes et « adaptent » au goût supposé du lecteur.
Les éditions des grandes universités aux USA sont quasiment les seules qui essaient des publications de qualité pour se constituer un catalogue. Des fondations privées et publiques tentent également de développer les traductions en les subventionnant.
La situation en France est plus favorable: les traductions représentent un quart des publications en littérature. La loi sur le prix fixe du livre a permis le maintien d’un réseau de libraires indépendants et des éditeurs spécialisés (P. Picquier, Bleu de Chine…) tout comme certains grand éditeurs (Le Seuil, Actes Sud) publient des traductions de qualité.
Néanmoins la plupart des auteurs publiés ont dépassé la cinquantaine et peu de jeunes écrivains sont disponibles; certains sont pourtant d’un grand intérêt (Han Han , Murong Xuecun…) mais sont souvent lus pour leurs témoignages sociologiques ou politiques plus que pour leurs qualités littéraires.
La littérature sur internet peut changer profondément cette situation car les lecteurs et les écrivains sont en nombre considérable. Les nouveaux groupes de média tels Shanda, le développement des Ereaders et des publications digitales vont affecter la diffusion de la littérature chinoise à l’étranger.
Bertrand Mialaret