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Xiao Hong, le talent d’une grande romancière desservi par traducteurs, éditeurs, cinéastes…

janvier 7, 20201 CommentRomansBy Bertrand Mialaret

En février 2014, j’évoquais l’ensemble de l’œuvre de Xiao Hong, l’une des romancières les plus importantes de la littérature chinoise du 20ème siècle, décédée à Hong Kong en 1942, à 31 ans, après dix ans de carrière littéraire. L’anniversaire de sa mort en 2012 avait fourni l’occasion d’une forte promotion par les médias : production théâtrale, opéra et un film « Falling Flowers » de Huo Jianqi qui n’eut pas le succès espéré.

Deux ans plus tard, la sortie de « The Golden Era », d’une cinéaste de premier plan, Ann Hui, aurait pu replacer l’œuvre de Xiao Hong au cœur de l’actualité. En effet, Ann Hui a réalisé nombre de films de qualité et récemment en 2012, « A simple Life », couvert de prix au festival de Venise.

« The Golden Era » est un biopic, beaucoup trop long, regroupant des acteurs célèbres dont Tang Wei dans le rôle principal. La mise en scène est parfois inutilement sophistiquée ; les éclairages recherchent systématiquement le clair-obscur, mais qui peut surpasser Rembrandt ou Georges de la Tour ?

Tan Wei as Xiao Hong

Le film parle peu de l’œuvre de la romancière et se concentre sur sa vie amoureuse mais il recrée avec talent l’atmosphère de l’époque et évoque les liens entre Xiao Hong et le grand écrivain Lu Xun. Il la soutiendra et fera publier « Terre de vie et de mort » (1). Après le décès de Lu Xun en 1936, Xiao Hong écrira « A rememberance of Lu Xun », un texte passionnant sur la vie quotidienne de cet écrivain et de sa famille et sur ses relations avec Xiao Hong (2).

  • Un travail d’édition contestable :

Les Editions de la Cerise, un éditeur bordelais, a publié en mars 2019, une version « adaptée et illustrée » des « Souvenirs de Hulan Hé » (3), pour laquelle Shao Baoqing, maître de conférences à l’université de Bordeaux, a cru bon d’écrire une préface. On peut douter qu’un tel « tronçonnage » de l’œuvre de Xiao Hong la fera apprécier par le public français d’autant que les autres œuvres de l’écrivaine ne sont pas mentionnées.

La belle traduction par Simone Cross-Morea des « Contes de la rivière Hulan » (4), rend justice à ce livre magnifique. On peut aussi consulter avec profit le blog de la traductrice (www.xiaohong.fr ) qui contient notamment des traductions de lettres de Xiao Hong.

  • « Ma Bo’le’s second life » (5), un travail de traduction très particulier :

Ce livre est le dernier roman de l’auteure qui, avant sa mort à Hong Kong, en avait publié neuf chapitres. Le livre a été traduit en anglais par Howard Goldblatt qui l’a complété en y ajoutant huit chapitres supplémentaires et une introduction/conclusion qu’il date de 1984.

H. Goldblatt est un traducteur célèbre, il a traduit environ 60 romans chinois et aux Etats-Unis, les éditeurs considèrent qu’il est plus connu que l’auteur et que cela peut être une garantie pour attirer le lecteur.

Il a une approche qui a pu hérisser certains. Il considère que son rôle est de rendre les romans acceptables par le public américain. Cela peut aller très loin, par exemple en 2005, sa traduction abrégée du roman de Mo Yan « Beaux seins, belles fesses », (825 pages en français (6) par Noël et Liliane Dutrait) n’excède pas 240 pages en anglais. Mais il cite pour se défendre l’approche de Mo Yan qui déclare en substance « la traduction c’est ton œuvre et non plus la mienne, c’est ta responsabilité ».

H. Goldblatt joue un rôle essentiel pour faire connaitre la littérature chinoise dans les pays anglophones, de plus il est largement à l’origine du succès de Xiao Hong. Il a traduit la plus grande partie de son œuvre et en 1976 a écrit sa biographie. En 1980, il rencontre Xiao Jun, le premier mari et, à Harbin et Hulan, interroge certains de ceux qui avaient connu Xiao Hong. Il va même jusqu’à traduire un recueil de nouvelles de Duanmu Honglian (7), son second mari. Pour Goldblatt, Xiao Hong fait partie, avec Lao She, des écrivains essentiels de la première partie du 20ème siècle.

Quand Goldblatt traduisit le livre, il ne pensa pas trouver un éditeur pour un roman de neuf chapitres, non terminé, d’une écrivaine chinoise alors bien peu connue. Il décide alors d’ajouter huit chapitres en faisant résider Ma Bo’le et sa famille dans les villes où Xiao Hong avait elle-même vécu pendant l’invasion japonaise.

Il invente une introduction et une conclusion où, en 1984, David le fils de Ma Bo’le, doit donner un avis sur un manuscrit récupéré par la Hong Kong Historical Society dont on ne connait ni le titre ni l’auteur mais qu’elle souhaite publier en précisant que Ma Bo’le « was a coward even before the war ». Cela fait bondir David qui obtiendra finalement que le livre soit qualifié de « work of fiction ».

Cet habillage n’apporte pas grand-chose. Les chapitres écrits par Goldblatt sont de bonne qualité ; il ne tente pas d’imiter le style de la romancière, son descriptif est plus fluide, plus nourri de références historiques ou littéraires. Ses inventions romanesques peuvent se justifier et l’ensemble se lit avec plaisir.

La question demeure : s’agit-il d’un roman de Xiao Hong et la publication, comme en Chine, des neufs premiers chapitres n’est-elle pas suffisante d’autant que Xiao Hong décrit avec beaucoup de minutie la personnalité de Ma Bo’le et les caractéristiques de sa famille.

  • Ma Bo’le, un anti-héros :

Le roman moque le patriotisme de l’époque ; Xiao Hong dissocie écriture et politique, n’écrit pas, comme tant d’autres à l’époque, de la littérature anti-japonaise, ce qui explique peut-être que son livre fut assez fraichement accueilli.

Les femmes sont au centre de son œuvre, le plus souvent elle-même ; ici le héros est un homme, un personnage dont elle veut faire un archétype comme Lu Xun avec Ah Q.

Le réalisme, dont elle est très éloignée, était la doctrine officielle; de plus Ma Bo’le, est une satire pleine d’humour, une sorte de roman picaresque. Ma Bo’le est le fils ainé d’une riche famille de Qingdao. Son père est chrétien et a affublé ses descendants de prénoms occidentaux parfois de façon approximative : la fille de Ma Bo’le est dénommée Jacob ! Admiration pour l’Occident, porter des vêtements occidentaux, étudier l’anglais, prier et étudier la Bible, telles sont les consignes pour l’entourage.

Ma Bo’le a échoué à l’examen d’entrée à l’université, il vit avec sa femme et ses trois enfants chez son père à qui il doit demander de l’argent. Il prétend travailler et part à Shanghai pour créer une maison d’édition. L’argent paternel est vite dépensé sans qu’aucun livre ne soit publié.

Le retour à la maison est difficile mais avec l’agression japonaise en juin 1937, il repart à Shanghai persuadé que Qingdao va être occupé. Vivant pauvrement comme un réfugié, « his sadness had begun the day he was born…he gave the impression that life was little more than submitting to adversity” (p.97).

Sa femme le rejoint avec les enfants et de l’argent. Ils fuient l’avancée japonaise dans des villes où Xiao Hong a séjourné : Nanjing, Hankou, Wuchang, Chongqing. Quelques velléités d’activité mais « soon he reverted to his old habit of sitting at home and brooding” (p. 181).

Il observe les mouvements de troupes et désire parfois devenir soldat mais ce n’est pas très attirant et de plus « with all the time he spent watching these soldiers, he could almost be considered one of them” (p.179).

Le voyage de la famille se termine, comme la vie de Xiao Hong à Hong Kong, qui est occupée par les Japonais en décembre 1941. H. Goldblatt évoque alors le destin des différents membres et « complètera » ainsi le roman.

Bertrand Mialaret

  • Xiao Hong, « Terre de vie et de mort », traduit par Catherine Vignal et Simone Cross-Morea, collection Panda, 1987.
  • Xiao Hong, « A rememberance of Lu Xun”, publié en 1940 et dont la traduction par Howard Goldblatt, figure dans la livraison du printemps 1981 de la revue « Renditions » (p.168 à 191).  http://www.cuhk.edu.hk/rct/pdf/e_outputs/b15/v15p169.pdf  
  • « Souvenirs de Hulan He » avec des illustrations de Hou Guoliang (déjà publiées en Chine) ; une version « traduite » par Gregory Mordaga et « adaptée » par Antoine Trouillard .
  • Xiao Hong, « Les contes de la rivière Hulan », traduit par Simone Cross-Morea, Editions You Feng, bilingue chinois-français, 2011, 440 pages. Le roman a également été traduit en anglais par Howard Goldblatt, « Tales of Hulan River », Joint Publishing Hong Kong 1988.
  • Xiao Hong, « Ma Bo’le’s second life “, translated, “edited and completed” by Howard Goldblatt, Open Letter, 2018, 250 pages.
  • Mo Yan, “Beaux Seins, Belles Fesses », traduit par Noël et Liliane Dutrait, Le Seuil 2004.
  • Duanmu Hongliang, « Red Light », traduit par Howard Goldblatt, collection Panda, 1988.

Xiao Hong
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Bertrand Mialaret

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1 Commentaire
  1. Répondre
    mai 4, 2020 at 1:27
    Simone Cros-Moréa

    Bertrand 你好!
    C’est un plaisir renouvelé chaque fois que quelqu’un est touché par la sensibilité et l’extraordinaire clairvoyance de Xiao Hong…d’autant quand on a choisi de lire et relire son oeuvre quasiment dès son entrée dans le monde de la Littérature Chinoise c’est à dire il y a bien des lampions de cela. Merci pour votre papier.
    Simone Cros-Moréa

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