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Anni Baobei: une fleur dans la pénombre.

juillet 30, 2012Leave a commentHeadline, NouvellesBy Bertrand Mialaret

Tel est le surnom donné à Anni Baobei par ses « fans » pour ses textes de désolation et d’isolement. Elle est un des auteurs les plus célèbres de la Chine actuelle tout particulièrement auprès des femmes et des moins de 35 ans. « The Road of Others », un recueil de trois nouvelles qui vient d’être publié (1) est la traduction de son premier livre « Au Revoir Vivian » (2001). Cette nouvelle, d’abord publiée sur internet lui assura une célébrité immédiate.

1- Une star de l’internet littéraire :

Elle vient d’avoir 38 ans, de son vrai nom Li Jie, elle est née à Ningbo où elle était employée par une banque. Elle commence à écrire des nouvelles sur internet et devient célèbre en quelques mois en 1998. C’est la période de début du site littéraire « Rongshuxia », « Under the banian tree », crée par Lu Jinbo.

Elle quitte la banque mais aussi sa famille qui s’opposait à cette démission et s’installe à Shanghai puis quelque temps plus tard à Pékin.

« Goodbye, An », traduit par Nicky Harman, est la nouvelle la plus connue. Une histoire d’amour et de mort sur internet et dans la vraie vie: un jeune cadre, Lin, rencontre sur internet Vivian, une fille pleine de mystère. Dans une station de métro, il croise plusieurs fois une jeune femme qu’il croit être Vivian. Dans le même temps, une collègue, Qiao, devient sa maîtresse et rompt avec son petit ami qui travaille en Angleterre.

Il refuse de s’engager avec Qiao, enceinte, qui se suicide. La femme du métro qu’il rencontre est une droguée, la maîtresse d’un homme riche et marié. Quant à Vivian, elle ne veut pas le rencontrer dans la réalité…

Cyber monde et réalité, la possibilité d’aventures virtuelles mais aussi la tristesse, l’isolement de la vie urbaine. Un ton nouveau, des phrases courtes, une écriture schématique, le phrasé de l’internet, tout cela paraît très nouveau.

2- La consommation comme manière de s’exprimer :

On est frappé par la place faite à l’apparence, aux vêtements (de marque) , au style…On ne boit pas un café, on va chez Starbucks…Ces marque internationales font rêver ses lecteurs qui sont coincés entre leurs aspirations et leur vie sans grands moyens financiers, soumis qu’ils sont de plus aux valeurs traditionnelles de leur parents.

Xin Yang dans un article de 2006 (2) rappelle qu’en 2000, les internautes en Chine (déjà 9 millions) étaient une petite minorité, essentiellement des jeunes, urbains et d’un niveau d’éducation très supérieur à la moyenne. Internet et la littérature sur internet sont devenus des attributs de la classe moyenne, des symboles « petit bourgeois » bien que ce terme n’ait plus la signification politique qu’il avait pendant la période de la lutte des classes.

On est frappé par certaines « impasses » de la nouvelle: le suicide de Qiao permet…de faire disparaître le personnage ! Le refus de Vivian de rencontrer Lin n’est guère développé de même que la « fuite » de Lin vers l’Australie.

Néanmoins il faut reconnaître que l’idée des deux Vivian est prenante tout comme les liens entre internet et la réalité, un thème très nouveau à l’époque.

3- Une « ice cool girl » qui semble s’épanouir :

Les deux autres nouvelles du recueil, traduites par Keiko Wong, abordent d’autres thèmes : le destin, les rapports avec la mère…Plus surprenant, des éléments d’une homosexualité latente : dans « Endless August », les relations de la jeune Wei Wang avec Qiao semblent beaucoup plus importantes que son histoire avec Zhao Yan, l’amant de Qiao; de nouveau un suicide !

Dans « The road of others », l’héroïne part pour un voyage initiatique dans une petite île de Taiwan, avec Sam, un homosexuel qui doit se rendre en Angleterre auprès de son père mourant. Elle refuse de l’accompagner en faisant croire qu’ils sont mariés…car elle l’aime et sait qu’il ne s’agira pas d’un amour partagé.

Le déracinement, le voyage initiatique, c’est un avant goût d’un autre voyage, au Tibet cette fois, dans « Lotus », un roman qui en 2006 a eu un grand succès. L’auteur s’attache alors beaucoup plus à la liberté spirituelle qu’à l’environnement matériel.

Anni Baobei indique (3) que le bouddhisme, comme philosophie et non comme religion, joue un rôle important dans sa vie. En 2011, elle fait le voyage de Bodhgaya en Inde, c’est là que Siddhartha Gautama a atteint l’illumination et par là même l’état de Bouddha.

La maternité est aussi une étape essentielle et elle veut être un modèle pour sa fille de quatre ans.

Elle s’intéresse maintenant à la tradition chinoise, joue du guqin (cithare) et a la nostalgie de son enfance à la campagne alors que dix ans auparavant, elle souhaitait quitter Ningbo le plus vite possible. On peut lire un beau texte sur le blog de Dylan Levi King (4) où elle parle de son enfance et du village de ses grand parents.

Dans « Spring Banquet » (2011), elle évoque même une culture chinoise menacée par l’internationalisation et la culture occidentale.

La revue « Da Fang », qu’elle a lancé en mars 2011, est très éloignée de l’approche de ses débuts. Cette revue littéraire de bon niveau était ouverte sur la tradition chinoise (un inédit de Zhou Zuoren), sur d’autres littératures (Haruki Murakami pour le premier numéro) et le cinéma. Après deux numéros, le magazine est interdit comme celui de Han Han et pour les mêmes raisons (une licence de publication non valable) !

4 – Un écrivain et un produit de marketing :

Indissociable de son succès, un éditeur, Lu Jinbo, qui en 2000 crée son propre site web littéraire « Rongshuxia.com ». Il le vend en 2003 à Bertelsmann qui crée alors « Rongshu Culture » qu’il dirigera. Quand Bertelsmann se retire, il forme une joint venture avec Liaoning Publishing and Media qui a 51% de la société Wenrong Books Co . Ltd.

A ses débuts, comme écrivain sur internet, sous le nom de Li Xinhuan, il est alors aussi célèbre que Anni Baobei. Deux innovations vont développer sa position d‘éditeur :

– il paie des avances sur droits très généreuses (deux millions de RMB pour « Lotus »)

– il travaille énormément l’image de ses écrivains à la suite d’études de marché poussées. C’est l’auteur qui est le produit et non le livre. Avec Anni Baobei, sous contrat à long terme, il a modifié son image: plus internationale, plus haut de gamme, du style encore du style. De plus un éloignement très calculé par rapport à ses lecteurs et aux médias qui lui attribuent une aura de mystère.

Un très grand succès mais récemment quelque problèmes: début 2012, le procès fait à Han Han, son autre auteur fétiche; de plus de mauvais résultats financiers et des difficultés d’ordre personnel…

Un autre éditeur a une influence positive : Harvey Thomlinson, qui fait connaître Anni Baobei à l’étranger. Le recueil de nouvelles « The Road of Others » a été lancé il y a quelques mois à la London Book Fair où Harvey Thomlinson était accompagné de deux de « ses » écrivains: Anni Baobei et Li Er.

De 2000 à 2004, il vit à Pékin. De retour en Angleterre, la pauvreté des publications de littérature chinoise (Révolution Culturelle ou Shanghai Baby…) le conduit à fonder un site internet « Make Do Studios » pour promouvoir les jeunes auteurs chinois et notamment Murong Xuecun dont il traduit en anglais « Oublier Chengdu ».

En 2006, il s’installe à Hong Kong, travaille pour une société américaine qu’il quitte en 2008 pour fonder une maison d’édition « Make-Do Publishing » qui publie en anglais de jeunes auteurs chinois : un des romans de provocation de Chen Xiwo « I love my mom » et surtout « The magician of 1919 » de Li Er dont on reparlera…

Bertrand Mialaret

(1) Anni Baobei : « The Road of Others ». Trois nouvelles traduites par Nicky Harman et Keiko Wong. Postface de l’éditeur Harvey Thomlinson. Make –Do Publishing. Hong Kong 2012.

(2) Xin Yang: “Cyber writing and urban fashion: the case of Anni Baobei” in Southern Review of Asian Studies (2006).

(3) www.chinadaily.com.cn/cndy/2012-04-18/content 15074247 htm

(4) www.deerawn2.blogspot.com/2009/12/annie-baby-is-usually-called-young.html

Anni Baobei
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Bertrand Mialaret

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